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Extrait du roman Icimamasolo, le portrait d'une femme

le 4 septembre 2015

Mon journal commence aujourd'hui. Je voudrais vous expliquer mon désir d’enfant, que j’avais depuis toujours dans mon cœur. Cet enfant que j’ai imaginé, sur lequel j’ai fantasmé et que je vois chaque fois quand je ferme les yeux. Dix ans plus tôt, mon ex-compagnon m’a raisonnée. J’avais une vingtaine d’années, son raisonnement sonnait juste et pragmatique. Je n’avais pas le choix. J’avais accepté son argument pour ne pas faire un enfant immédiatement.

Après ma séparation, j’ai commencé à considérer « les plans B » pour avoir un bébé sans prince charmant. Au début, c’était juste un moyen pour me rassurer sur le plan psychologique. Vu le nombre de chevaliers qui s’intéressaient à moi, je ne pouvais pas imaginer ne pas rencontrer la bonne personne. En conséquence, j’ai décalé à plusieurs reprises mon projet, sous prétexte que je pouvais le réaliser de façon traditionnelle, c’est-à-dire avec un homme qui m’épouserait et avec qui je vivrais heureuse. Et les années ont passé. La première fois à 36 ans, j’ai commencé à considérer la voie médicale pour devenir maman.

***

Je suis une femme de 39 ans qui vit seule depuis 6 ans. Je ressens de plus en plus le besoin de partager ma vie avec quelqu'un. L’idée peut sembler banale : je voudrais fonder une famille.

Mais je ne considère pas l’enfant comme « mon seul moyen d’épanouissement ». Je ne peux pas accepter l’argument de certains de mes amis qui me disent « avec un enfant tu ne seras jamais toute seule ». Dans les 18 prochaines années, c’est surtout l’enfant qui aura besoin de moi et non l’inverse. On ne fait pas un enfant pour satisfaire ses propres besoins égoïstes (même si, bien évidemment, le désir d’enfant vient des parents). Selon ma perception, on fait un enfant pour lui transmettre le meilleur de soi-même, c’est-à-dire, ses valeurs, sa vision du monde, tout en lui laissant le choix de développer librement sa personnalité.

En même temps, des milliers de questions me traversaient l’esprit : « Avoir un enfant TOUTE SEULE serait-il égoïste ? » Je suis convaincue qu’il faut devenir parent à la seule condition de pouvoir assumer l’avenir de l’enfant dans les meilleures conditions. Je ne pense pas que la monoparentalité soit une situation durable. Cela ressemble plutôt à un passage dans la vie. Je pense que je ne vais pas élever cet enfant seule, car il va y avoir un homme tôt ou tard dans ma vie et dans la vie de l’enfant. Je ne pense pas ainsi que l’enfant sera durablement élevé « sans père ». Bien évidemment, pour moi, un être humain est capable d’assumer un enfant seul. Néanmoins, cela est beaucoup plus difficile qu’en couple. Est-ce que je me suis posée beaucoup de questions pour les choses matérielles ? A vrai dire, non. Car, j’ai toujours réussi à subvenir à mes propres besoins et je ne vois pas dans l’avenir, pour quelles raisons les choses seraient différents ?

En revanche, le fait de ne pas avoir d’enfant à l’âge de 40 ans est une décision définitive. Car, malgré les avancées de la science, il existe des limites biologiques pour avoir un bébé naturellement.

***

Petit à petit, ma décision s’est cristallisée. « Je vais faire un enfant toute seule ». Un choix très atypique ? Pas tellement. Il existe des milliers de femmes françaises qui, chaque année partent à l’étranger, en Belgique, en Espagne ou au Portugal pour se faire inséminer ou bénéficier d’une fécondation in vitro. En France, la loi bioéthique ne permet pas aux femmes qui ne sont pas en couple hétérosexuel de réaliser ce projet.

Après avoir pris cette décision, je me sentais particulièrement heureuse et libre. L’amour envers mon futur bébé ne manquait pas. J’avais beaucoup à donner. Ce projet a procuré un nouveau rayonnement, un nouveau sens à ma vie. Je me sentais immédiatement maman dans ma tête, mère de mon futur bébé qui naîtra et qui connaîtra tout l’amour que je lui porterais. Toutes les difficultés que j’ai dû surmonter en France m’ont aidée à former la femme indépendante et forte que je suis aujourd’hui. La souffrance que j’ai dû endurer ces dernières années m’a renforcée dans ce projet auquel je tiens de tout mon cœur. C’était la seule certitude dans ma vie durant cette période, mon petit rayon de soleil pour lequel se battre était méritant. J’ai utilisé ce désir afin de m’épanouir et de me nourrir pour avoir l’énergie du quotidien. Un désir d’enfant qui est aussi un désir de ne plus se sentir comme une cellule solitaire dans une société traditionnelle et exigeante, qui réclame cruellement une conformité à la norme, et qui exclut tous ceux qui se trouvent à l’écart. Un monde qui s’oriente vers la réussite professionnelle et l’argent, un monde dans lequel l’individu n’a pas le droit de privilégier sa vie privée. Un monde hypocrite qui valorise les femmes mariées qui restent souvent prisonnières dans des relations où l’amour s’est envolé depuis longtemps. Un monde où les hommes ne connaissent plus ni le respect, ni la galanterie envers les femmes. Voilà pourquoi je souhaitais m’échapper de ce monde en me réfugiant dans mon projet de maternité grâce à la PMA. Autour de moi, j’observais de nombreux couples très malheureux qui faisaient des enfants dans une relation morte depuis longtemps. Et tout simplement, je n’arrivais pas à comprendre pour quelles raisons feraient-ils de meilleurs parents que moi ?

***

La "solution pratique" pour mettre en œuvre ma décision venait de soi. La gynécologue de l’une de mes amies (célibataire et sans enfant aussi) lui glissait un mot pour ses 35 ans. « Vous ne souhaiteriez pas avoir un bébé toute seule avec un papa anonyme ? Dans ce cas, je peux vous orienter vers la démarche à suivre. » Ma copine a renié la proposition, mais elle n’a pas manqué de me transmettre le message. Au retour de mes vacances, j’ai décidé de prendre un rendez-vous avec cette gynécologue.

Une fois dans son cabinet, elle me demande :

-Qu’est-ce qui vous amène chez moi ?

 Je lui réponds :

-Je souhaiterais avoir un enfant et je suis une femme célibataire. Mon amie m’a dit que vous connaissiez une solution.

-En France, c’est interdit par la loi, répond le médecin. Mais vous pouvez aller en Espagne. Je vous donne le nom de la clinique à l’oral, XXX. Je n’ai pas le droit de l’écrire, mais cherchez sur Internet, vous allez trouver la page de la clinique et la façon de les contacter. Vous aurez une longue liste d’examens à réaliser. Revenez me voir quand vous aurez cette liste.

Contact: Eva-Sophie D. (nom de plume),

icimamasolo@laposte.net

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